
C'est super, il fait beau, le ciel est bleu
Tout le monde est heureux
Qu'est-ce qu'on pourrait espérer de mieux
Qu'une petite vie bien faite
Dans une société parfaite ?
Tout va comme sur des roulettes
Chaque jour pareil, un copier/coller de la veille
C'est bien, tout va bien, on parle bien
Courtois, courbettes au voisinage
Un sourire tiède se dessinant sur les visages
Et politesse qu'on exacerbe
Faut que tout soit maîtrisé, le geste, le verbe, ici on est civilisés
Tout est une question de codes, d'adéquation
D'une morale consensuelle pour maintenir l'ordre social
Et si tu n'entres pas dans l'équation
Y a un tas d'méthodes usuelles bien que largement discutables sur le plan éthique
Pour te brancher en mode marginal, bref, on t'explique
Avec des mots simples et clairs, pas besoin d'grand vocabulaire
Que tu es un indésirable que certains trous d'balles n'hésitent pas
À qualifier d'parasite
On te colle des étiquettes depuis l'école
Garde confiance petit, ton professeur n'est pas le détenteur de la vérité sacro-sainte
Écoute ton cœur, ne porte pas ses plaintes sur tes épaules
Ni le poids de ses regards pleins de sous-entendus
Ou de ses dégradantes paroles qui sont bien pires qu'un coup de pied au cul
Et tendent à te couper les ailes, écoute celles qui t'élèvent
Tu n'es pas inférieur, j'insiste, même si lui est instituteur et toi élève
Où en serais-je aujourd'hui si j'avais un temps soit peu crédité
L'enfoiré qui m'a dit que j'allais croupir dans la médiocrité ?
Une telle déclaration sentencieuse c'est un sortilège
Un flingue que l'on pointe sur la tempe de l'avenir d'un gosse
Et j'en vois des gueules cassées, des florilèges de cicatrices et de bosses
Le résultat des vies qu'on nique
Alcoolos, tox ou dépressifs chroniques
Des corps vides qui déambulent, regards placides comme des loques
Et qu'on gave de tas de médocs et d'pillules
Comme autant d'camisoles chimiques pour les maintenir dans cet état morbide
Que l'on case au possible dans des institutions
Que l'on cache, car dit cash, il faudrait pas trop qu'ils se mêlent à la population, ça ferait tache
Ahhhh...
C'est super, il fait beau, le ciel est bleu
Tout le monde est heureux
Qu'est-ce qu'on pourrait espérer de mieux
Qu'une petite vie bien faite
Dans une société parfaite ?
Tout va comme sur des roulettes
Chaque jour pareil, un copier/coller de la veille
Ici la réussite se calcule en salaire horaire
En gros, c'que t'es, c'que t'as dans l'coeur n'est pas franchement prioritaire
Faut d'l'ambition, vise l'échelon d'en-dessus et écrase les autres qui l'convoitent
Et peu importe au fond si ton patron te les brise tellement que t'en a les burnes out
Va voir un psy, ils sont de sage conseil et te prescriront de supers cachetons
Approuvés par Swissmedic donc c'est bon
Et comme t'as une éthique, tu consommes local et soutiens les entreprises Suisses
T'oublieras pas de dire merci à Novartis
C'est vrai, ça rassure de savoir que des gens sont là pour prendre soin de nous
Prêts à tout pour ton bien, alors de quoi tu t'plains ?
Ce système t'assure santé, sécurité et un beau futur
Te parlera de valeurs sûres comme la mutualité
Mais quand on voit ce que les patrons d'assurances encaissent comme mensualités
Me vient plutôt l'idée d'une immense indécence
Franchement, qu'y a t-il encore d'humain dans nos comportements ?
On est tous dans l'même train, mais chacun son compartiment
Première classe, deuxième classe, ou wagon des sous-races
Moi ce qui me motive
C'est de mettre des bâtons dans les roues de la locomotive
Alors j'balance mes rimes
Parfois tendres ou émotives, parfois tranchantes, mais jamais molles, voilà mon leitmotiv
Je ne suis pas là pour plaire ou convaincre
Mais je sais que se taire c'est laisser les cons vaincre
C'est consentir et se laisser contraindre
Et se complaire à souffrir pour quand-même finir par se plaindre
Mais pourquoi se plaindre quand
C'est super, il fait beau, le ciel est bleu
Tout le monde est heureux
Qu'est-ce qu'on pourrait espérer de mieux
Qu'une petite vie bien faite
Dans une société parfaite ?
Tout va comme sur des roulettes
Chaque jour pareil, un copier/coller de la veille
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Anne-Claude (vendredi, 23 avril 2021 09:56)
Ah merci, c'est une réalité et il est bien de posé les mots en poésie. Mais suis-je concaincus ?