
Séquence une, j’entre en scène avec une certaine précipitation
J’ai pas répété l’rôle, j’l’incarne avec peu d’conviction
J’m’essaie à l’impro, mais y a trop d’conditions
Des codes à gogo, on n’fait pas ce qu’on veut me dit-on
Comme j’aimerais plaire, voir un sourire sur le visage de mes spectateurs
Que j’veux les satisfaire, avoir un publique acclamateur
J’entasse mes rêves dans une cage d’acier
Et j’place ma joie dans un coffre cadenassé
Petit, j’regardais les étoiles avec un air nostalgique
Refusant de m’ancrer à terre comme si pour moi elle était toxique
La séquence deux est pleine de rebondissements
J’fais un putain d’boucan comme un moteur vrombissant
J’refuse tous ces jeux d’rôles qu’on m’impose avec force
Et c’est peu dire que le scénar et les dialogues s’corsent
C’est fou comme y a encore pas si longtemps
J’étais l’petit héro qu’tout l’monde aimait, maint’nant j’suis l’grand méchant
Il a fallu peu de temps pour que ma prestance s’érode
Que je devienne la bête noire de mon autoprod
Y a plus de script, mon interprétation n’est qu’un fatras
Peu importent les paroles, pourvu qu’ça sonne avec fracas
La troisième séquence, quant à elle, manque sérieusement d’piquant
De guerre lasse j’accepte le rôle d’un lâche abdiquant
Je trimballe un sac de lourdeurs dont j’ai hérité
Et j’m’évertue à m’autodétruire comme si je l’avais bien mérité
La bouteille et le splif sont mes meilleurs potes
Et j’en veux à la terre entière à chaque fois que j’capote
Quand j’repense à mes rêves, j’vois cette cage aux barreaux rouillés
Je ne retrouve plus la clé, elle reste verrouillée
J’aimerais revenir en arrière, refaire les scènes où je jouais mal
Mais dans cette comédie d’la vie, y a qu’une version originale
La séquence quatre a commencé, j’essaie de bien la goupiller
Fini de roupiller, pour être un bon comédien, faut pas s’éparpiller
Et même si un temps cette idée m’paraissait très âpre
Je commence à accepter que la vie n’est qu’un grand théâtre
Mais à force de me débattre dans des rôles dérisoires
J’en suis arrivé à perdre de vue le fil de l’histoire
Quand l’heure aura sonné, quand défil’ra le générique
Et que le rideau se refermera sur une p’tite musique
Repartirai-je le cœur amer, ruminant ma frustration
Ou serai-je un temps soit peu fier de ma prestation ?
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CSJ (mercredi, 05 avril 2023 11:52)
Super, je me réjouis d'écouter ce texte slamé par toi ! (-;
mj (dimanche, 09 avril 2023 14:55)
j'� et me réjouis aussi d'écouter ce texte slamé par toi �